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L’Abbaye de Berdoues

Fondée en 1134

Une abbaye fondée par des religieux de l’ordre de Cîteaux
C’est en 1134 qu’elle fut fondée par une colonie de religieux de l’ordre de Cîteaux communément appelés Cisterciens. Les fondements en furent jetés à la suite de la donation que Bernard II comte d’Astarac et son fils Sanche, firent aux religieux dont il s’agit de la terre, l’église et le Casal de Berdoues.
L’acte de donation en date de l’an de l’Incarnation 1134 est rapporté en latin dans le Cartulaire du couvent de Berdoues, folio 34 qui se trouve aux archives du séminaire d’Auch.

L'ordre cistercien et la commune de Berdoues

L’Abbaye de Berdoues appartient à l’ordre cistercien, ordre bénédictin réformé dont l’origine remonte à la fondation de l’abbaye de Cîteaux en 1098 par le moine Robert de Molesme.

Né en réaction au confort et au luxe atteint par la communauté monastique de Cluny, trahissant l’esprit du monachisme, l’ordre cistercien s’impose par son organisation et son autorité spirituelle.

Etienne Harding, successeur de Robert de Molesme codifie le fonctionnement de l’ordre cistercien en 1109 dans sa « charte de charité » fixant les principes fondamentaux communs de toutes les abbayes : organisation autonome vis-à-vis des pouvoirs féodaux, observation rigoureuse de la règle de Saint Benoît prônant humilité, obéissance, pauvreté et juste équilibre entre travail manuel et prière.

L’ordre doit sa véritable éclosion à Bernard de Clairvaux (1090-1153), le plus célèbre des abbés cisterciens, qui condamne tout ce qui peut détourner le moine de l’intériorisation de la foi en préconisant l’esprit de dénuement, d’austérité, de travail qui doit animer les cisterciens nommés « les Moines blancs ».

Un lien de filiation unit chaque maison fondatrice et son « abbaye-fille ».
Sous son abbatiat, les quatre premières abbayes-filles de Cîteaux voient le jour entre 1113 et 1115 : La Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond, qui est à l’origine de Berdoues en 1137, laquelle fondera cinq autres abbayes
Plus de 500 monastères sont fondés au XIIème siècle.
Cette expansion assure aux Cisterciens une place prépondérante non seulement au sein du monachisme européen mais aussi dans la vie culturelle, politique et économique jusqu’à la révolution française de 1789 qui abolit les privilèges et ordres des églises de France

L'installation des moines cisterciens au 12ème siècle à Berdoues

Arrivés dans ce coin de la vallée de la Baïse presque inhabité, les religieux se mettent à l’œuvre et commencent à bâtir. Ils trouvent une carrière de pierre qu’ils ouvrent et exploitent avec ménagement et art, et forment ainsi la cage du moulin à eau qui existe encore aujourd’hui et qui a bravé jusqu’à ce jour les crues les plus menaçantes et les inondations les plus désastreuses. La pierre ne suffisant pas on établit des fours à chaux et des fours à briques pour la fabrication de laquelle on prenait la terre dans les creux presque comblés aujourd’hui que l’on rencontre dans quatre ou cinq points de la commune et que l’on appelle vulgairement marnière parce qu’ils n’offrent plus à l’œil que l’aspect de marnières abandonnés depuis longtemps. Quoique le bois fut très commun, la charpente entra pour peu de chose dans la construction. C’étaient le plus souvent des voûtes au lieu de planchers. Le monastère dut être construit en l’espace de quatre années, car on lit dans le cartulaire qu’il fut terminé au mois de mai 1138.
A côté du monastère fut érigée entièrement en briques, une magnifique église de style Roman . On ne peut pas dire l’époque précise de la construction de cette église ; mais une inscription en lettres gothiques sur une pierre qui provenait de ce monument aujourd’hui disparu disait « Anno MCLVII,Dedicacio nostra ecclesia, Octobre XIII . Après l’église fut construit le cloître dont les voutes étaient soutenues par des faisceaux de colonelles aux chapiteaux richement sculptés, puis ce fut le mur d’enceinte enfermant une surface de plus de sept hectares construit en pierre de moyen appareil et dans le genre de celui qui entoure partiellement la ville de Mirande .
Enfin , furent construit les bâtiments modernes qui datent du dix huitième siècle et dont la partie qui demeure debout aujourd’hui bien privé, habité appartenant à la famille Saucède.

On peut donc dire que la communauté des moines de Berdoues bâtit presque tout le temps de sa longue existence qui prit fin à la révolution de 1789.L a prodigieuse quantité de pierre qu’il fallut pour une si vaste construction fut extraite de l’emplacement où est assis le moulin à eau, et aussi à ce que l’on croit l’emplacement de la grande carrière, à 800mètres en aval qui présente son flanc au bord de la Baîse .

En même temps que ces constructions s’élevaient, les moines s’occupaient du travail de la terre, mettant en culture toutes les parties qui en étaient susceptibles, dépouillant le sol de toutes sortes d’arbres et de broussailles, de chênes séculaires même. Ils parvinrent à défricher presque toute l’étendue du territoire de la commune si bien qu’ils finirent par y établir cinq granges ou métairies des plus considérables qui tendent à disparaitre de jour en jour par la vente en détail, mais dont les maisons continuent de porter les noms. Ce sont « Le juge  « Le pesqué » « La sacristie » « La grange » « Saint clément » « L’infirmerie ».

Une abbaye prospère

L’abbaye de Berdoues prospéra rapidement. Les personnages haut placés ne cessaient de lui accorder avec leur admiration, leur confiance et leur estime. Ils ne cessaient pas non plus de lui faire les plus larges libéralités dont les plus importantes sont consignés au cartulaire du couvent. C’est à ce point qu’elle devint en peu de temps assez riche ou assez féconde pour devenir mère d’un grand nombres d’abbayes voisines, de celles de Gimont et de Flaran dans le Gers, d’Eunes en Haute Garonne et de Valbonne en Pyrénées Orientales etc.  Etc.

C’est aussi grâce aux dotations des Comtes et Seigneurs qu’elle revendiquer l’honneur d’avoir donné le jour à la ville de Mirande et à celle de Pavie près d’Auch.

C’est Berdoues qui avec l’agrément des Comtes d’Astarac fonda Mirande et la dota des institutions les plus libérales et d’un patrimoine des plus riches par des donations successives et de plus en plus importantes qui la rendirent longtemps florissante et prospère, ainsi qu’on peut le lire dans le cartulaire.

A la suite de ces entreprises heureuses, l’abbé de Berdoues ne tarda pas à jouir de grands et nombreux privilèges et acquit vite le titre de « seigneur en paréage »avec le Comte d’Astarac. En l’année1288, la justice haute, moyenne et basse et la connaissance et exécution de toutes les causes tant civiles que criminelles appartenait en commun et par égales parts au Comte d’Astarac et à l’Abbé et que le produit des amendes était partagé par moitiés.

Il résulte à la lecture du cartulaire que les rapports fréquents qui existèrent entre les abbés et les comtes furent toujours bienveillants et cordiaux et que loin d’être une occasion de discorde, la fondation de Mirande et de Pavie ne fit que contribuer à resserrer les liens qui unissaient les nobles parties.

C’est  au reste ce qu’expriment les armes de l’abbaye qui se composent en partie de celles de Mirande, c’est-à-dire de trois miroirs sur écus d’azur, de l’épée et de la mitre abbatiale.

Les moines de Berdoues , payant de leur personne, s’occupaient, chacun suivant son aptitude, soit aux travaux des arts, soit à la mise en culture et aux soins de leurs terres. Il convient de remarquer que là n’étaient pas leurs  uniques occupations. ILS cultivaient aussi les sciences et les lettres qui étaient en grande estime dans la maison. Ils possédaient une bibliothèque des plus riches du midi où l’on trouvait avec les ouvrages les plus importants tant sacrés que profanes, un grand nombre de manuscrits écrits sur vélin en lettres gothiques, entre autres les vies des empereurs romains et des rois de France avec leurs portraits et autres miniatures au pinceau.

Que s'est-il passé depuis 1789 ?

Telle fut la célèbre abbaye de Berdoues qui fit et civilisa la contrée. Elle disparait à la révolution de 1789 .

Devenue bien national avec les propriétés qui en dépendaient, elle fut vendue dès le commencement de l’année 1791 pour le compte de M. de Montesquiou ,officier supérieur dans l’armée d’Italie.
Etant issu de la noblesse et profitant de l’éloignement de celui-ci cette vente fut cassée et revendu peu de temps après en détail. La forêt fut réservée et demeura bien national jusqu’en 1830, époque où elle fut elle-même aliénée.

La maison conventuelle avec son enclos forma un lot séparé qui fut pris par un petit propriétaire de Ponsampére nommé Xaintes, pour la somme de 160 000frs en papier monnaie, représentant une valeur réelle à la fin du dix neuvième siècle de 3500frs environ .I l n’eut pas plutôt pris possession qu’il s’empressa de démolir l’ancien corps de bâtiment habité par les moines, puis le cloitre, le clocher, l’église et plusieurs assisses du mur de clôture. On se plait à dire dans la localité, que la plus vaste chambre du couvent aurait de la peine à contenir les écus que les décombres ont valus aux démolisseurs qui n’en sont pas demeurés plus riches puisque le fils Xaintes  décédé en 1870, à l’âge de 80 ans ne put payer ses dettes et fut exproprié.

Après la reprise par le clergé, l’abbé darrées curé de Berdoues y fit établir en 1878 un orphelinat de filles géré par des sœurs agricoles de Bordeaux.

A la séparation en 1905 de l’église et de l’état ,tout les restes du bâtiment furent vendus à un acheteur nommé M. Saucéde et ses descendants à ce jour sont toujours propriétaires des lieux .

ZOOM SUR

LE RETOUR DU CLOITRE DE NUREMBERG

En 2003, l’abbaye de Berdoues dans le gers s’est vue restituer son cloître, alors que celui-ci était jusqu’à présent au musée de Nuremberg. Il avait été à l’époque acheté par Hermann Goering (bras droit d’Hitler) pour orner sa propriété berlinoise. 400 pièces de marbre qui ont ensuite été largement étudiées pour en connaitre non seulement leur positionnement au sein du cloître mais également leur histoire.

Cela s’est passé en…

2003